Textes anciens utiles au lecteur
Textes anciens, traduits par Gaston E. Broche, professeur agrégé à l’université de Paris pour le doctorat d’état en 1935 (1)
(1) Sauf M44, 45, 47 et N58.1
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- Homme Pauvre et reconnaissance
A1 : Voila ce que raconte Pythéas… Mais Polybe réplique qu’il y a en cela même quelque chose d’incroyable : qu’un simple particulier, et pauvre, ait pu trouver le moyen de naviguer et de cheminer sur de si vastes espaces. Ératosthène, après avoir hésité à donner crédit à sa relation, cependant y a cru pour la Grande Bretagne, la région des colonnes d’Hercule, et l’Ibérie. Il vaudrait beaucoup mieux, dit Polybe, croire au Messénien qu’à cet homme là ! Et cependant le Messénien ne prétend avoir navigué que jusqu’à un seul pays, la Panchaïe, tandis que Pythéas prétend être allé jusqu’aux extrémités du monde et avoir contemplé toute l’Europe boréale, ce que personne ne voudrait croire même si Hermès le lui disait. Et cependant Ératosthène, qui traite Evhémère de hâbleur, a donné sa confiance à Pythéas, alors que Dicéarque lui-même ne l’avait pas fait. (Strabon, II,IV,2)
A2 : En ce qui concerne toutefois l’astronomie et les mathématiques, Pythéas semble avoir montré de la capacité. (Strabon, IV,V, 5)
A3 : Se servant, comme couvert, de sa science de l’astronomie et des mathématiques. (Strabon, VII, III, 1)
A4 : Mais il y a des gens qui ont écrit avec désinvolture des périples, leurs mensonges me paraissent l’emporter même sur ceux d’Antiphane le Bergaïen ; d’autres en revanche, en effet, me paraissent l’avoir fait d’une façon sérieuse, parmi ceux-là Pythéas le Massaliote… (Marcien d’Héraclée, résumé du périple en mer intérieure, I, I, 2).
- Pôle Nord
B2 : Au sujet donc du pôle Nord, Euxode fait erreur lors qu’il dit : « Il y a un astre qui demeure toujours au même endroit : cet astre est « le pôle du monde » » Et ce n’est qu’en effet au pôle il n’y a aucun astre, mais un endroit vide, près duquel se trouvent trois astres, avec lesquels le signe qu’on mettrait au pôle constitue à peu près un quadrilatère, comme le dit aussi Pythéas le Massaliote. (Hipparque, commentaires sur Aratus et Euxode, I,IV.)
- Latitude de Marseille
C3 : Le parallèle de Bysance étant en somme celui de Marseille, comme le dit Hipparque sur la foi de Pythéas (Hipparque dit, en effet, qu’à Bysance le rapport du gnomon à son ombre est précisément celui que Pythéas a donné pour Marseille)… (Strabon, I,IV,8)
C4 : Car le rapport du gnomon à son ombre que Pythéas a indiqué pour Marseille est celui-là même qu’Hipparque, pour le même moment de l’année, déclare avoir trouvé à Byzance. (Strabon, I,IV,4)
C5 : Hipparque, en effet, ainsi qu’il le dit lui-même, a décrit les différences qu’offre l’aspect du ciel pour chaque endroit de la terre… Dans la région de Byzance… le gnomon, au solstice d’été, présente avec son ombre le rapport suivant : cent vint à quarante deux, moins un cinquième. (Strabon, II, V, 34)
C6 : Il suffit… d’énoncer… que la grandeur du cercle de la terre est de deux cent cinquante deux mille stades, comme l’indique également Eratosthène (il vient de parler d’Hipparque) ; si donc on partage en 360 divisions le grand cercle de la terre, il y aura 700 stades pour chacune de ces divisions (Strabon, II, V, 8)
C7 : Comme suite au texte 5 et visant par conséquent, d’après Hipparque, les lieux situés sur le parallèle Marseille-Bysance : la distance de ces lieux, relativement à la ligne équatoriale, est donc de trente mille trois cents stades (Strabon, II,V,41)
C7.1 Ayant toujours trompé les gens, Pythéas ici également en quelque manière a menti… le parallèle de Byzance étant beaucoup plus septentrional que celui de Marseille. (Strabon, II, V, 8).
- Marées
D10 : C’est pourquoi les détroits également présentent des courants, et c’est surtout le cas du détroit de Sicile qui, au dire d’Eratosthène, offre le même phénomène que le flux et le reflux de l’Océan : deux fois, en effet, il change la direction de son courant et chaque jour et chaque nuit, de même que l’Océan voit sa marée deux fois monter et deux fois descendre. Aux flux de l’Océan correspond d’une part le courant qui va de la mer Tyrrhénienne vers la mer de Sicile comme s’il glissait d’une surface plus élevée, de sorte qu’on l’appelle courant descendant, et il faut reconnaître, en effet, que c’est au même moment qu’il commence et cesse que les marées montantes océaniques : il commence, en effet, au moment où la lune se lève et au moment où elle se couche, et il se termine d’autre part lorsque la lune atteint le milieu du ciel de part et d’autre, c’est-à-dire au dessus de la terre et au dessous de la terre. Et au reflux de l’Océan, d’autre part, correspond le courant contraire qu’il faut appeler courant sortant, et qui commence à l’un et l’autre passage de la lune au méridien, comme le font les marées descendantes océaniques, et qui cesse lorsque la lune atteint les points où elle se lève et où elle se couche. (Strabon, I,III,11).
D11 : En ce qui concerne les eaux, on a dit bien des choses, mais le flux et le reflux de la mer est bien certainement ce qu’il y a de plus étrange ; les modes en sont multiples mais la cause en est dans le soleil et la lune. Deux fois entre deux levers de lunes il y a flux et deux fois reflux, toujours en vingt quatre heures : en premier lieu, lorsque la lune commence à s’élever dans le ciel, le mer s’enfle, puis comme l’astre descend de la ligne méridienne pour se coucher, la mer s’affaisse ; de nouveau alors que l’astre va de son coucher aux profondeurs du ciel sous la terre, et en sens contraire s’approche de la ligne méridienne opposée, les flots débordent de leur lit, puis à partir de ce moment, jusqu’au nouveau lever de lune se résorbent, mais ce n’est jamais au même moment que la veille qu’ils refluent, asservis à l’astre avide et qui par absorption multiple attire à soi les mers, se levant d’ailleurs toujours à un autre endroit que la veille, mais toujours cependant l’intervalle est pareil entre flux et reflux, et il est de six heures équinoxiales. Multiples de plus sont les différences que déterminent les phases lunaires, et d’abord de sept jours en sept jours. Car les marées qui vont en diminuant depuis la nouvelle lune jusqu’au premier quartier s’amplifient à partir de ce premier quartier et atteignent leur maximum avec la pleine lune, puis décroissent jusqu’à devenir pareilles, au septième jour, à celles du premier quartier, pour s’accroître de nouveau à partir du dernier quartier de façon à être, au moment de la conjonction avec le soleil, pareilles à celles de la pleine lune… Si l’on considère les causes annuelles dues à la révolution solaire, aux deux équinoxes les marées atteignent leur maximum d’amplitude, et plus encore à l’équinoxe d’automne qu’à celui du printemps ; elles sont au contraire au solstice d’hiver et surtout au solstice d’été. Ce n’est pas cependant que les phénomènes se produisent exactement aux moments que j’ai dits mais à peu près ; ainsi ce n’est pas au moment précis de la pleine ou de la nouvelle lune mais après, ni que la lune apparait ou se cache, ou quitte le méridien, mais environ deux heures équinoxiales plus tard, l’effet sur la terre, pour tout ce qui se passe dans le ciel, tombant toujours en retard sur la vue, comme il advient pour les éclairs, le tonnerre et la foudre. Mais les marées de l’océan recouvrent de leurs flots de plus vastes espaces que ne le font les marées des autres mers, soit parce que le mouvement a plus de force dans le tout que dans la partie, soit parce que l’étendue ouverte de l’océan sent plus vivement la force de l’astre s’avançant sans obstacle tandis que les espaces resserrés la repoussent. C’est pourquoi ni les lacs ni les fleuves ne connaissent de mouvement semblables. Jusqu’à quatre-vingt coudées, au contraire, à l’extrémité de la Grande-Bretagne s’enflent les marées, à ce que nous assure Pythéas le Massaliote. (Pline, Histoire naturelle, II, XCVII, 99)
D12 : Tel est, dit Posidonius, le mouvement diurne de l’Océan… D’autre part pour ce qui est des variations annuelles, il dit s’être informé auprès des gens de Cadix et avoir appris d’eux qu’au solstice d’été les marées dans les deux sens, aussi bien les descendantes que les montantes, ont leur maximum d’amplitude. Il présume lui-même qu’elles vont diminuant de ce solstice à l’équinoxe et augmentant de l’équinoxe à ce solstice d’hiver ; qu’ensuite elles diminuent jusqu’à l’équinoxe de printemps pour augmenter jusqu’à l’équinoxe d’hiver (Strabon, II, V, 8)
D12.1 : que les marées au nord de la Grande Bretagne s’élèvent à quatre vingt coudées, c’est ce que Pythéas le Massaliote nous affirme. (Pline, H., N., II, l.c)
- Rejoindre l’océan
E13 : De Marseille aux colonnes d’Hercule, Eratosthène donne sept mille stades, mais en partant des Pyrénées six mille… (Strabon, II, IV, 4).
E14 : Répliquant à Eratosthène, Artémidore dit qu’il parle ici encore faussement en donnant pour la distance qui sépare Cadix du cap Sacré cinq jours de navigation, alors qu’il n’y a pas plus de mille sept cents stades, et en disant aussi que les marées finissent là, alors qu’elles ont lieu en cercle, tout autour de la terre habitée, et encore en disant que les parties septentrionales de l’Ibérie sont plus facile à longer, en allant vers la Celtique, qu’il n’est facile de naviguer en descendant (en Méditerranée) vers l’Océan – et tant d’autres choses encore qu’il a dites en se fiant à Pythéas. (Strabon, III,II,11).
E15 : … Comme disent les mathématiciens, cette zone (tempérée) se rejoint par ses extrémités de façon à former un cercle, de telle sorte que si l’étendue de l’Atlantique ne l’empêchait, il nous serait possible de naviguer de l’Ibérie à l’Inde en suivant le même parallèle, ce qui reste à parcourir, relativement à l’étendue qui a été dite, constituant plus du tiers du cercle entier, si toutefois le parallèle d’Athènes, sur lequel nous avons fait le calcul des distance dites plus haut de l’Inde à l’Ibérie, a moins de deux cent mille stades. (Strabon, I, IV, 6).
- Armorique
F16 : Ce sont les Osismiens, que Pythéas appelle les Ostimiens, et qui habitent sur une presqu’île assez avancée sur l’Océan, toutefois pas aussi avancée que le dit Pythéas et ceux qui ont ajouté foi à ce qu’il a dit. (Strabon, I, IV,1).
F17 : Il faut encore ajouter (au dires d’Eratosthène et d’après Pythéas dans le sens de la longitude) cette courbure de l’Europe qui est au-delà des colonnes d’Hercule et qui faisant face aux Ibères est projetée vers l’occident, sur une distance qui n’est pas inférieur à trois mille stades, et encore les autres caps, et celui des Ostimiens qui porte le nom de Kabaion, et les îles qui sont près de lui, dont la dernière, Ouxisama, au dire de Pythéas, est à trois jours de navigation, mais en disant cela, et en ce qui concerne ces dernières choses, il ajoute des éléments qui ne contribuent en rien à la longitude, je veux dire les distances de ces caps, et de ceux des Ostimiens, et de l’île d’Ouxisama et de ces autres îles dont il parle : Toutes ces choses, en effet, sont en direction du nord, et celtiques, non ibériques, si elles ne sont pas plutôt des inventions de Pythéas. (Strabon I, IV, 5).
- L’étain
G18 : En face du pays des Celtibères, il y a de nombreuses îles appelées par les Grecs les Cassitérides à cause de leur richesse en étain. (Pline, hist. Nat. IV, XXXVI).
G19 : L’autre cap, celui qu’on appelle le Belerion, passe pour être à quatre jours de navigation du continent. (Diodore de Sicile, V, 21).
G20 : Sur ce promontoire britannique qui s’appelle le Belerion, les habitants sont extrêmement bien disposés pour les étrangers, et par suite de leurs relations avec les marchands étrangers leurs mœurs se sont tout à fait adoucis. Ces gens exploitent l’étain en traitant avec habileté le minerai qui le contient. Ce minerai consiste en quartiers rocheux contenant des excroissances terreuses. C’est de ces excroissances terreuses que par un travail attentif de triage et de fusion ils obtiennent l’étain pur. Ayant modelé leur étain en forme d’osselets, ils le transportent dans une île qui se trouve tout contre le rivage britannique et qui s’appelle Ictis : A la marée basse, en effet, le passage étant à sec, ils transportent dans cette île, sur des chariots, de grandes quantités d’étain. Il y a quelque chose de particulier dans ce qui se passe pour ces îles toutes proches de la côte britannique et l’Europe : A marée haute, en effet, le passage se remplissant, elles font l’effet d’être des îles, mais à marée basse, la mer s’étant retirée et ayant laissé le sol largement à sec, elles apparaissent comme des presqu’îles. C’est donc là que les marchands étrangers viennent faire leurs achats aux indigènes, et c’est de là qu’ils font transporter cet étain en Gaule. Enfin, voyageant par la voie terrestre à travers la Gaule, ils transportent à dos de cheval, en trente jours environ, leur cargaison jusqu’à l’embouchure du Rhône. (Diodore de Sicile, V,22). G21 : L’historien Timée dit que de ce côté de la Grande Bretagne, à six jours de navigation, il y a une île, appelée Mictis, d’où provient l’étain. Les britanniques s’y rendent dans des barques d’osier cousues de cuir. (Pline, Hist. Nat., IV, XXX).
- Corbilon
H22 : Il y avait autrefois une ville-marché, appelée Corbilon vers l’embouchure de la Loire. Polybe en parle à propos des histoires qu’a racontées Pythéas. Scipion, dit en effet Polybe, ayant convoqué des Marseillais, aucun de ceux qu’il interrogea sur la (Grande) Bretagne ne put lui faire de réponse digne d’être rappelée, et pas d’avantage ne purent lui répondre les gens de Narbonne ou ceux de Corbilon, qui étaient pourtant les villes les plus importantes par là. Mais Pythéas avait poussé l’audace jusqu’à inventer tout cela. (Strabon, IV, II, 1).
- La Grande Bretagne
I23 : Et pour le Kantion, il est à quelques jours de navigation de la Celtique, au dire de Pythéas. (Strabon, I, IV, 3).
I23.1 : … Celui des promontoires (britanniques) qui est le moins éloigné du continent, et qu’on appelle Kantion, on dit qu’il en est distant d’environ cents stades… ». (Diodore de Sicile, V, 21).
I24 : De nombreuses îles se présentent à nous dans l’Océan : La plus grande se nomme Bretagne… cette île, en effet, de forme triangulaire à peu près comme la Sicile, n’a pas ses côtés égaux. Elle s’étend de façon oblique à côté de l’Europe ; celui de ses caps qui est à la moindre distance du continent, et que l’on appelle Kantion, en est distant, à ce qu’on dit, d’environ cent stades, et c’est là que la mer a son écoulement ; l’autre cap, celui qui s’appelle le Belerion, est, dit-on, a quatre jours de navigation du continent. Quant à celui qui reste, on rapporte qu’il se prolonge fort loin dans la mer et qu’il s’appelle l’Orcas. Des côtés, le plus petit a une longueur de sept mille cinq cents stades, c’est celui qui s’étend le long de l’Europe ; quant au second, celui qui s’élève depuis le détroit jusqu’au sommet, il est de quinze mille stades, et le dernier de vingt mille, de sorte que le périmètre entier de l’île est de quarante deux mille cinq cents stades. (Diodore de Sicile, V, 21).
I25 : De ceux qui ont écrit de vieilles histoires fabuleuses, Hécatée et quelques autres disent que dans les parages de l’Océan qui sont en face de la Celtique il y a une île qui n’est pas moins grande que la Sicile. Cette île s’étend vers le nord et a pour habitants ces gens qu’on appelle les Hyperboréens, parce que leur pays est au-delà de la limite où se forment les vents du Nord. (Diodore de Sicile, II, 47). I26 : Cette île a une forme triangulaire : un de ses côtés fait face à la Gaule ; il a une longueur d’environ cinq cent mille pas. Le second côté est tourné vers l’Espagne et le soleil couchant… Sa longueur, selon ces auteurs, est de sept cent mille pas. Le troisième fait face au nord : il n’y a pas d’autre terre en face de lui, mais l’angle fait par ce côté regarde surtout la Germanie. C’est à huit cent mille pas qu’on estime ce côté. Ainsi, l’île entière a un périmètre de deux millions de pas. (César, Guerre des Gaules, V, XIII).
I27 : Mais lui (Pythéas) donne plus de vingt mille stades pour la longueur de l’île. (Strabon, II, IV, 1).
I28 : Sur toute cette île britannique, partout où elle était accessible, Pythéas prétend qu’il est descendu et il donne plus de quarante mille stade au périmètre de l’île. (Strabon, II, IV, 1).
I28 1 : Au reste, comme nous l’avons vu jusqu’à présent, cette île (Bretagne) se projette entre le septentrion et le couchant, faisant face par un grand angle aux bouches du Rhin, puis retirant en arrière et obliquement ses côtés, par l’un elle regarde la Gaule, par l’autre la Germanie ; puis de nouveau, par un retour par au revers fait d’une longue ligne droite elle constitue de nouveaux angles, devenant ainsi triangulaire et fort semblable à la Sicile. (Pomponius Méla, Description de la terre, III, VI).
I29 : De très grands fleuves, qui alternativement tantôt s’écoulent dans la mer, tantôt remontent vers leur source. (Pomponius Méla Description de la terre, III, IV).
I30 En face de l’île britannique, fameuse par ce qu’en ont écrit les Grecs et nos Romains : elle s’étant entre le nord et l’occident, faisant face à la Germanie, à la Gaule et à l’Espagne, de beaucoup les plus grands pays de l’Europe, et séparée d’eux par un grand intervalle. On l’appelait Albion tout en appelant Britannique toutes les îles dont nous allons parler peu après. De la côte de Gesoriacum (Boulogne) pays des Morins, et par le trajet le plus court, cette île est à une distance de cinquante milles. Son périmètre est de 3825 milles au dire de Pythéas et d’Isodore… (Pline, H. N., IV, 16 (30)).
- Les habitants de la Britannie
J31 : On dit que c’est une race autochtone qui habite la grande île britannique et que ses mœurs sont celles d’autrefois. D’une part, en effet, dans leurs guerres, ils se servent de chars comme nous avons appris par la tradition que le faisaient les héros grecs dans la guerre de Troie, et d’autre part, ils ont des habitations fort pauvres faites le plus souvent de roseaux et de bois. Ils font leur provision de blé en coupant les épis et en les conservant dans des abris couverts. De ces réserves, ils tirent chaque jour les vieux épis, qu’ils égrènent et travaillent de façon à y trouver nourriture. Pour ce qui est de leur caractère, ce sont des gens très simples et bien éloignés de cet esprit vif et méchant qui est celui des gens d’aujourd’hui. Leur façon de vivre est rudimentaire et n’a rien à voir avec cette vie molle et voluptueuse qui nait de la richesse. On dit aussi que l’île est peuplée, et que l’air y est tout à fait froid, comme il est naturel pour un pays qui se trouve sous l’Ourse même. Ils ont de nombreux rois et chefs, et généralement vivent en paix les uns avec les autres. (Diodore de Sicile, V, 21).
J32 : … plane, immense, féconde, mais à la vérité plutôt en ces produits qui nourrissent les troupeaux que les hommes. Elle a des bois coupés de pâturages, des forêts, de très grands fleuves. (Pomponius Méla, Chorographie, III, VI).
J33 Mais pour ce que Pythéas en a dit, d’elle et de ces régions qui en sont voisines, que ce soit pure invention apparait bien… Toutefois, pour ce qui regarde la science de l’astronomie et la théorie mathématique, il semble avoir traité de ces choses avec justesse… en disant que pour les régions qui sont voisines de la zone glaciale il y a complètement absence de fruits cultivés et rareté d’animaux domestiques, qu’on s’y nourrit de millet, de légumes et de fruits sauvages et de racines ; que ceux qui ont des céréales et du miel en tirent également leur boisson. Pour ce qui est de leur céréales, comme ils n’ont pas de période de clair soleil, ils portent les épis dans de grandes constructions, et y font leur battage, car les aires découvertes y sont sans utilité, par suite de l’insuffisance du soleil et de l’abondance des pluies. (Strabon, IV, V, 5).
- Irlande
K34 : Au couchant (de la Grande Bretagne) est l’Irlande, deux fois plus petite, à ce que l’on estime, que la Grande Bretagne dont elle est séparée par une distance égale à celle qui sépare cette dernière de la Gaule. (César, guerre des Gaules, V, XIII).
K35 : Agrippa estime la longueur de la Grande Bretagne à 800 milles, sa largeur à 300 ; il donne même largeur à l’Irlande, mais 200 milles de moins en longueur. (Pline, Hist. Nat., IV, 16 (30))
K36 : Au dessus de la Grande Bretagne se trouve l’Irlande, de superficie presque égale, mais de forme oblongue entre les deux courbures égales de ses rivages ; son ciel ne se prête pas à la maturation de semences. (Pomponius Méla, Chorographie, III, VI).
K37 : Ceci donné, que sont plus sauvages ceux qui habitent sous les Ourses, et ceux qui sont les voisins des Scythes, on dit que quelques uns sont anthropophages, comme le sont ceux des britanniques qui habitent l’île appelée Erin. (Diodore de Sicile, V, 32).
K38 : Il existe encore autour de la Grande Bretagne d’autres petites îles ; mais c’est une grande île que Ierné, qui lui est juxtaposée vers le nord, plutôt allongée que large. A son sujet, nous n’avons rien de bien établi à dire, si ce n’est que ses habitants sont plus sauvages que les britanniques, étant anthropophages et omnivores, jugeant beau de manger leurs pères décédés, et de se mêler publiquement, pour ne rien dire des autres femmes, à leurs mères et à leurs sœurs. Mais à la vérité nous disons ces choses, en avertissant que nous n’avons pas les témoins offrant toutes garanties. Sur ce point cependant de l’anthropophagie, on dit que c’est aussi un trait des mœurs scythiques, et, quand ils sont assiégés, on dit que les Celtes et les Ibères l’ont pratiquée. (Strabon, IV, V, 4).
K38.1 : … car ceux qui ont fait maintenant des recherches n’ont rien à signaler au-delà de l’Irlande qui se trouve au nord de la Grande Bretagne, à peu de distance, et dont les habitants sont tout à fait sauvages et vivent d’une vie misérable à cause de l’humidité, de sorte que je pense que c’est là qu’il faut placer la limite de la terre habitée. (Strabon, II, V, 8).
K39 : les habitants de cette île sont extrêmement grossiers et ignorant de toutes vertus plus que le sont les autres peuples, n’ayant aucune espèce de religion. (Pomponius Méla, Chorographie, III, VI).
- Autres îles
L40 : Il y a en outre, parait-il, un très grand nombre d’îles plus petites qui font face à la Grande Bretagne ; au sujet de ces îles quelques uns ont écrit que vers le solstice d’hiver il y avait une nuit qui durait trente jours… (César, Guerre des Gaules, V, 13).
L41 : Il y a trente Orcades séparées les unes des autres par d’étroits intervalles, et sept Haemodes qui s’avancent en face de la Germanie. (Pomponius Méla, Chorographie, III, VI).
L42 : Il y a plus de quarante Orcades que séparent entre elles de faibles intervalles, et trente Hébudes, et encore entre Irlande et Grande Bretagne, Mona, Monapia, Rigina, Vectis, Limnos, Andros. Plus au sud, Siambis et Ouessant. (Pline, H., N., IV, XXX).
L43 : Pour ceux qui partis d’un promontoire calédonien, se rendent à Thulé : Ensuite les accueillent les îles Hébudes, au nombre de cinq, dont les habitants ignorent les moissons de céréales, et vivent seulement de poisson et de lait. Il n’y a qu’un roi pour toute ces îles, car toutes ne sont séparées les unes des autres que par un étroit chenal. Le roi ne possède rien en propre, tout est à tous. Il est contraint à l’équité par des lois fixes, et de peur que l’avidité ne le détourne du droit chemin il apprend par la pauvreté la justice, attendu qu’il n’a aucun patrimoine familial, mais est nourri au frais du public. Aucune femme ne lui est donnée en propre, mais, tour à tour, selon sa fantaisie, il peut user de n’importe laquelle, de sorte qu’il n’ait ni désir ni espérance d’avoir des enfants… …La deuxième halte pour ceux qui vont à Thulé est fournie par les Orcades. Mais les Orcades sont à sept jours et sept nuits de navigation des Ebudes. Elles sont au nombre de trois, inhabitées, sans arbres, hérissées d’herbes qui ressemblent à des joncs. Tout le reste de leur surface est occupé par des sables et des rocs. (C Julii Solini, recueil de choses mémorables).
- Thulé
M44 : Pythéas nous dit que Thulé est à une distance de six jours de navigation de la Bretagne en direction du nord et qu’elle est proche de la mer gelée. (Strabon, I,IV,9).
M45 : Thulé, écrit Pythéas le Massaliote, à six jours de navigation dans le septentrion de la distante Britannie. (Pline, IV, 16).
M47 : Thulé est une île de l’Océan, entre le septentrion et l’occident dans la mer au-delà de la Britannie non loin des Orcades et de l’Irlande. (Servius, Virg, Geog., I, 30).
M48 : Pour ceux qui habitent encore plus au nord de la Propontide (mer de Marmara), le jour le plus long est de seize heures équinoxiales, pour ceux qui habitent plus au nord encore, ce jour est de dix sept et dix huit heures. Dans ces parages, il semble que Pythéas le massaliote soit aussi allé. Il dit en effet dans la relation de son voyage océanique : « les barbares nous montraient où se couche le soleil ». Car dans ces lieux il arrivait que la nuit était tout à fait petite, pour les uns de deux heures, pour les autres de trois, de sorte que le soleil s’étant couché, après un petit intervalle il se relevait aussitôt. (Geminus de Rhodes, Eléments d’astronomie, C, VI).
M48.1 : Pythéas le Massaliote dit dans son livre de l’Océan, qu’étant arrivé dans ces parages d’extrême nord, les indigènes lui montraient la couche du soleil, c’est-à-dire l’endroit qui était pour eux toujours le point d’origine des nuits. (Cosmas Indicopleutes. Topographie).
M49 : Au sujet de l’île qu’on appelle Thulé, et dans laquelle on dit qu’est allé le philosophe Pythéas de Marseille, il parait que le cercle entier décrit par le soleil au solstice d’été est au dessus de l’horizon, de sorte qu’il coïncide pour ces lieux avec le cercle arctique. Dans ces parages, lorsque le soleil est dans le signe du cancer, le jour dure un mois, si du moins toutes les parties de ce signe sont visibles. (Cléomède. Du mouvement circulaire des corps célestes, 1, 7).
M50 : D’une part, donc, Pythéas le Massaliote dit que les parages de Thulé, qui est la plus septentrionale des îles britanniques, constitue la dernière (des régions habitables), et que là le cercle décrit par le soleil au solstice d’été est identique au cercle arctique. (Strabon, II, V, 8).
M51 : Thulé… là… les nuits, en été, sont éclairées, parce que, à cette époque de l’année, le soleil se soutenant plus haut (plus proche au dessus de l’horizon) sans être lui-même visible, cependant de sa splendeur voisine éclaire les lieux qui lui sont plus proches. Mais au moment du solstice il n’y a plus de nuit parce que le soleil plus apparent montre non seulement sa clarté mais même la plus grande partie de son orbe. (Pomponius Méla, III, 6, 57).
M52 : Aux jours du solstice, le soleil s’approchant davantage du pôle du monde, et décrivant un cercle plus resserré éclaire d’un jour continu, pendant six mois, les terres qui sont sous lui, et il y a inversement nuit continue lorsque le soleil, au solstice d’hiver, passe de l’autre côté de la terre, et c’est ce qui se passe dans l’île de Thulé, ainsi que l’écrit Pythéas le Massaliote. (Pline, H., N., II, 75).
M53 : Thulé, où, au solstice d’été nous avons indiqué qu’il n’y a pas de nuit, alors que le soleil traverse le signe du cancer, et où, inversement, il n’y a plus de jours au solstice d’hiver. Et cela, parait-il, pendant six mois continus. (Pline, H., N., IV, 30).
M53.1 : Pour Thulé donc elle a son plus long jour de vingt quatre heures équinoxiales. (Ptolémée, Géogr., VIII, 2).
M53.2 : Sur ce segment, c’est-à-dire sur le parallèle de Thulé (le plus long jour est) de vingt quatre heures. (Agathemère, Géographie, I, VII, ou d’un anonyme).
M53.3 : Thulé : grande île de l’Océan, dans les régions hyperboréennes ; où le soleil, au solstice d’été, fait un jour de vingt heures équinoxiales et une nuit de quatre heures ; en hiver le contraire. (Etienne de Bysance, Thulé).
M53.4 : Il y a bien d’autres îles autour de la (Grande) Bretagne, parmi lesquelles Thulé est la plus reculée, et où, au solstice d’été, le soleil traversant le tropique du Cancer, il n’y a plus de nuit ; de même, au solstice d’hiver, pas de jour. (Solin, Recueil de choses étonnantes).
M53.5 : Mais à l’époque du solstice, le soleil se portant vers le pôle du ciel, éclaire dans son mouvement vers la gauche les terres qui sont sous lui, d’un jour continuel, et de même, dans son mouvement de descente vers le solstice d’hiver, il crée l’horreur d’une nuit de six mois ; comme affirme l’avoir découvert dans l’île de Thulé Pythéas le massaliote. (Marcien, VI).
M54 On raconte sur cette île des choses prodigieuses (Servius Virg., Géograp., I, 30)
M55 Ensuite, celui qui à travers l’immensité marine voudra courir monté sur un vaisseau rapide, et très loin, vers les ourses proche du bouvier, poussera sa course, verra surgir, dans sa masse imposante, Thulé. (Rufus Festus Avenius . Description de la terre, V,755-757).
- Le poumon marin
N56 : Pythéas dit que Thulé… est près de la mer glaciale. (Strabon, I, IV, 2).
N57 : A un seul jour de navigation se trouve la mer figée, appelée par quelques uns Cronienne. (Pline, IV, 30).
N58 : Pythéas parle en outre de ces parages de Thulé et de ces lieux dans lesquels il n’existe plus de terre proprement dite, ni de mer, ni d’air, mais un mélange fait de toutes ces choses, semblable au poumon marin, dans lequel il dit que la terre et la mer et toutes ces choses sont comme en suspension, comme si ce quelque chose était un lien entre tous ces éléments, ne permettant ni de marcher, ni de naviguer. Que ce qui était semblable au poumon marin, il dit l’avoir vu de ses propres yeux, mais que pour d’autres choses il en parle par ouï-dire. Voila ce que raconte Pythéas. (Strabon, Ii, IV, 1).
N58.1 … de ces endroits où ni la terre n’avait d’existence, ni la mer, ni l’air, mais une sorte de mélange de ces choses comme un poumon marin dans lequel la terre et la mer et toutes ces choses sont ensemble en suspension, et comme si c’était un lien entre tous, ces choses existant dans une forme dans laquelle on ne peut ni marcher, ni naviguer. (Polybe…)
- Thulé, Strabon et Pythéas
O59 : Mais ce Pythéas, en effet, qui nous a raconté des histoires sur Thulé a bien prouvé qu’il était le plus menteur des hommes, car ceux qui ont vu la grande île britannique et l’Irlande ne disent rien de Thulé tout en parlant d’autres petites îles autour de la Grande Bretagne. (Strabon, I, IV, 3).
O60 : Mais d’une part, il est vrai, Pythéas le massaliote prétend que c’est la région de Thulé, la plus septentrionale des îles britanniques, qui est la dernière des terres habitables, pour laquelle le cercle décrit par le soleil au solstice d’été coïncide avec le cercle arctique : mais chez les autres écrivains je ne trouve rien à ce sujet, ni qu’il existe une île du nom de Thulé, ni que les régions qui s’étendent jusque là sont habitables, là où le tropique d’été devient cercle arctique. Pour moi, au contraire, je pense qu’il faut mettre beaucoup plus au midi cette limite septentrionale de la terre habitée ; car ceux qui ont fait maintenant des recherches n’ont rien à signaler au-delà de l’Irlande qui se trouve au nord de la Grande Bretagne, à peu de distance, et dont les habitants sont tout à fait sauvages et vivent d’une vie misérable à cause de l’humidité, de sorte que je pense que c’est là qu’il faut placer la limite de la terre habitée. (Strabon, II, V, 8).
O61 : Mais au sujet de Thulé notre connaissance est encore plus incertaine parce qu’elle serait hors de tous les chemins connus. Car de toutes les terres qu’on nomme, c’est celle que l’on met le plus au nord. Mais pour ce que Pythéas en a dit, d’elle et des régions qui en sont voisines ; que ce soit pure invention apparait bien de ce qu’il a dit des pays connus : car sur ces derniers il a menti le plus souvent comme il a été déjà dit ; de sorte qu’il est évident qu’il a menti bien davantage sur les pays qui sont loin de tout. (Strabon, IV, V, 5).
O62 : Voila ce que raconte Pythéas, et qu’ensuite, étant revenu de Thulé, il aurait continué son exploration de toutes les côtes océaniques de l’Europe, de Gadir (les colonnes d’Hercule) jusqu’au Tanaïs. (Strabon, II, IV, 1).
- La Baltique
P63 : Mais pour ce qui est au-delà de l’Elbe, les pays qui sont en bordure de l’Océan nous sont complètement inconnus. Jusqu’à nos jours, en effet, personne, à ce que nous sachions, n’a effectué une navigation le long de cette côte vers les régions orientales, celles qui sont près du débouché de la mer Caspienne, et les Romains dans leur marche en avant n’ont pas, ce me semble, dépassé l’Elbe, de sorte qu’ainsi il ne s’est trouvé personne pour faire, même à pied, cet itinéraire. (Strabon, VII, II, 4)
P64 : Par suite de notre ignorance de ces régions (au-delà de l’Elbe), ceux qui nous ont raconté des histoires sur les monts Rhipées et sur les Hyperboréens ont été jugés dignes de discussion sérieuse, y compris également tous les mensonges de Pythéas le massaliote sur les pays en bordure de l’Océan, mensonges qu’il a su couvrir de sa science de l’astronomie et des mathématiques. (Strabon, VII, IV, 3).
P65 : Et sur ce qui concerne les pays d’au-delà du Rhin jusqu’aux Scythes, sur toutes ces régions Pythéas a menti. (Strabon, I, IV, 3).
P66 : Il nous faut maintenant sortir de ces régions intérieures pour décrire la bordure extérieure de l’Europe, et, passé les monts Rhipées, énumérer ce qu’on trouve sur la gauche en parcourant le rivage de l’Océan du Nord jusqu’à ce qu’on arrive à Gadir. De très nombreuses îles sans nom nous sont signalées là, parmi lesquelles, en face de la Scythie dite Raunomie, il en est une à un jour de navigation, sur les côtes de laquelle au printemps, les flots jetteraient de l’ambre, d’après ce que dit Timée. Sur le reste de ces rivages on ne possède que des renseignements vagues. (Pline, H., N., IV, 13).
P67 : Il y a des écrivains qui signalent encore d’autres îles : les Scandinaves, Dumna, les Bergues, et la plus grande de toutes la Norvège d’où on peut aller par mer à Thulé. (Pline , IV, 16, 30).
P68 : Pythéas dit que les Gutons, nation germanique habitent un « estuaire » de l’Océan, nommé Metuonidis (Mentonomon ? Meconomon ?) et qui s’étend sur six mille stades ; à un jour de navigation du rivage de cet estuaire se trouve une île nommée Abalus, sur laquelle au printemps les flots jettent l’ambre qui est une sorte d’excrétion solide marine : les habitants s’en servent comme du bois pour le feu et le vendent à leurs voisins les Teutons. A ce récit de Pythéas Timée également a cru, mais il donne à l’ile le nom d’île Royale. (Pline, H., N., XXXVII, 11).
P69 : Xénophon de Lampsaque, a trois jours de navigation du littoral des Scythes, signale une île de grandeur immense sous le nom de Baltia ; a cette même île, Pythéas donne le nom de Royale (Pline, IV, 13 (27)).
P70 : Thulé, en face du littoral des Bergues, et que les Grecs et nos propres poètes ont célébrés dans leurs chants. (Pomponius Méla, III, 6).
P71 : Peuples scythiques appelés les Bergues. (Pomponius Méla, III, V).
P72 : En face de la Scythie, celle qui est au-delà de la Galatie, il y a une île marine, dans l’Océan, nommée l’île Royale. Sur son rivage le flot jette en abondance ce qu’on appelle l’ambre qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans l’étendue de la terre habitée… car l’ambre est jeté sur l’île que je viens de nommer, mais d’autre part il est porté par les indigènes sur le continent en face, à travers lequel on le transporte jusqu’à nos régions comme il a été dit. (Diodore de Sicile, V, 23).
P73 : … Le Codanus… rempli d’îles, dont la plus célèbre est la Scandinavie, dont les dimensions sont si grandes qu’elles n’ont pu être déterminées… Et la Finlande passe pour ne pas lui être inférieure… On signale encore les îles des Ovones dont les habitants se nourrissent d’œufs et d’avoine d’autres îles dans lesquelles les hommes, appelés Hippopodes, naissent avec des pieds de chevaux ; d’autres encore dites des Panodes, dans lesquelles les habitants enveloppent leur corps parfaitement nu dans d’immenses oreilles. (Pline, H., N., IV, 27).
P74 : Au-delà de l’Elbe, le Codanus golfe immense, est rempli de grandes et de petites îles. De ce fait la mer qui est reçu dans le sein des rivages nulle part ne s’étant au loin et nulle part ne ressemble à la mer… Sur ce golfe habitent les Cimbres et les teutons, au-delà les dernières tribus germaniques les Hermiones. Le pays Sarmates, plus large à l’intérieur qu’il ne l’est au bord de mer, est séparé des pays suivant par le fleuve Vistule… Dans ce golfe nommé, avons-nous dit, le Codanus, il faut avant tout signaler la Scandinavie que les teutons occupent encore et qui l’emporte sur les autres îles, non seulement par la fertilité, mais tout autant par la grandeur. (Pomponius Méla, Chorographie, II, III).
P75 : Ostiones, peuple sur le rivage de l’Océan occidental, appelés Cossins par Artémidore, mais Ostiens par Pythéas. (Etienne de Bysance)
P76 : Donc, à partir de là sur le littoral qui est à main droite de la mer des Suèves, on trouve les peuplades des Estiens, dont les coutumes et le genre de vie sont analogues aux coutumes et au genre de vie des Suèves mais qui, par la langue, se rapprochent plutôt des britanniques. Ils s’adonnent à la culture des céréales et autres productions agricoles avec plus d’application patiente que ne le comporte l’inertie ordinaire des Germains, mais de plus ils fouillent la mer et seuls de tous les peuples ils recueillent l’ambre qu’ils appellent « glesum », le cherchant dans les flots et sur le rivage même. Ce n’est pas, en barbares qu’ils sont, qu’ils se soient préoccupés de chercher ou de trouver ce que la nature ou le travail de l’homme peut créer de précieux. Bien plus, cet ambre, parmi tout ce que rejetait la mer, est resté longtemps à l’abandon jusqu’au jour ou notre luxe lui a donné un nom. Eux-mêmes n’en font aucun usage. Ils le recueillent dans sa gangue, le transportent à l’état brut et en reçoivent le prix avec étonnement. (Tacite, Germanie, XLV).
- Observations de la terre
Q77 : Or, donc Hipparque nous dit qu’à la latitude du Borysthène et de la Celtique, pendant toutes les nuits d’été, la lumière du crépuscule continue à éclairer, se maintenant du lever au coucher du soleil et que, d’autre part, au solstice d’hiver, le soleil s’y lève tout au plus à neuf coudées au-dessus de l’horizon ; mais en s’élevant vers le nord à une distance de six mille trois cents stades de Marseille (hauteur à laquelle il estime qu’on est encore en Celtique, tandis que je crois, moi, qu’on est en Grande Bretagne et à deux mille cinq cents stades de la Celtique), ces caractéristiques sont encore plus marquées : dans les jours d’hiver le soleil s’y élève de six coudées ; d’autre part, il s’élève à quatre coudées dans les lieux qui sont à neuf mille cents stades de Marseille, et à moins de trois coudées dans les lieux qui sont au-delà, et qui d’après notre calcul seraient beaucoup plus au nord que l’Irlande ; Mais Hipparque, se fiant à Pythéas, ne place cette position que dans les parties les plus septentrionales de la grande île britannique, ajoutant que le jour le plus long est de dix neuf heures équatoriales, tandis qu’il est de dix huit heures là où le soleil s’élève de quatre coudées, région dit-il, qui est à neuf mille cent stades de Marseille. (Strabon, II, I, 18).
Q78 : … De Marseille jusqu’au milieu de la grande île britannique, il n’y a pas plus de cinq mille stades ; mais si du milieu de cette grande île britannique on s’avance jusqu’à quatre mille stades, on trouve une région difficilement habitable et ce serait dans les parages de l’Irlande. (Strabon, I, IV, 4).
Q79 : Là où sont les enclumes de Vulcain dans les îles Lipari et Stromboli, qui font partie de l’archipel éolien, il semble que Vulcain lui-même travaille. C’est pourquoi on entend et le crépitement du feu et un bruit retentissant. Et on disait autrefois que celui qui voulait apporter du fer brut et revenir le lendemain pouvait en rapporter soit une épée, soit autre chose de son choix, en jetant dans le gouffre le prix de ce travail. C’est ce que raconte Pythéas dans sa description de la terre, disant de plus que la mer est en ébullition. (Schol. Apollonius de Rhodes, Argonautes, IV,761).